L’espace d’un instant, Niki Smith

L’espace d’un instant est un album de l’américaine Niki Smith paru en mars dernier chez Rue de Sèvres.

Après l’attaque de sa professeure d’arts plastique par un homme à main armée, Manuel souffre d’un état de stress post traumatique. Au collège, personne ne sait qu’il était présent et que c’est grâce à lui qu’elle a survécu. Manuel revit sans cesse des flashs de l’attaque mais il trouve refuge dans la photographie pour trouver des points d’ancrage. Amené à travailler avec deux autres camarades de classe, Sebastian et Caysha, Manuel va retrouver peu à peu le goût de vivre en découvrant notamment la campagne environnante.

L’espace d’un instant est un album tout en douceur et en poésie, malgré le sujet de départ. De l’attaque, le lecteur ne sait que très peu, à travers les flashs qu’a Manuel dans certaines situations. Car l’essentiel ne réside pas dans ce moment-là mais dans l’après. Comment se reconstruit-on après avoir vécu l’horreur ? Comment vivre avec ça ? Ce sont ces questions-là qu’aborde l’auteure avec beaucoup de finesse, au travers d’un personnage adolescent aussi introverti que traumatisé.

Niki Smith dépeint un univers agricole à la fois paisible et bucolique dans lequel Manuel va s’immerger pour se raccrocher à la vie. La nature, la simplicité de la vie à la campagne, l’amitié et l’émergence du sentiment amoureux sont eux aussi abordés de façon subtile, sans jamais tomber dans les archétypes du genre.

Ode à la photo et à l’adolescence, L’espace d’un instant est un très bel album, tout en subtilité et en douceur, porté par un rythme lent et des dessins qui invitent à la contemplation. Une très belle découverte pour laquelle je remercie les éditions Rue de Sèvres.