Essais

Journal intime d’un touriste du bonheur, Jonathan Lehmann

Journal intime d'un touriste du bonheurJournal intime d’un touriste du bonheur est le récit que l’ancien avocat d’affaire franco-américain Jonathan Lehmann a écrit durant son voyage de trois mois en Inde fin 2016. Il est paru en mai 2018 aux éditions de La Martinière. L’auteur est aussi l’auteur du programme Les antisèches du bonheur.

J’ai reçu ce livre en cadeau à mon abonnement au magazine Respire, et autant vous dire que j’étais très sceptique avant de l’ouvrir. Je connaissais rapidement le parcours du créateur des antisèches du bonheur et je craignais de découvrir la success story de cet ancien avocat d’affaires reconverti en chantre de la méditation,  annoncée par le bandeau de l’éditeur.
Et je dois vous avouer que j’ai été agréablement surprise. Vraiment. Jonathan Lehmann est agaçant dans sa posture d’occidental qui a brûlé la vie par les deux bouts et croit tout connaître lorsqu’il découvre l’Orient et sa sagesse millénaire, mais son auto-dérision permet, dès les premières pages,
de rire avec lui de ses pensées et de ses incompréhensions culturelles, linguistiques et spirituelles.
A l’image d’un journal intime, le lecteur suit au jour le jour le récit de ces trois mois en Inde, de Jodhpur à Mumbai en passant par Pune, Arambol, Rishikesh, Goa, Varkala, Amritapuri et Udaipur. Trois mois d’ashrams, de méditations, de rencontres, de gourous, d’enseignements, de tantrisme, de constellations familiales, aussi. Et au fur et à mesure de son voyage, Jonathan grandit, guérit de ses blessures, et fait ses deuils. C’est beau, et ça résonne, évidemment. Car quelle que soit la forme de la blessure, elle est là, en chacun de nous. Et c’est libérateur de lire le parcours d’un homme en quête de guérison, un homme auquel il est étonnament si facile de s’identifier. L‘humour est omniprésent et offre à l’ensemble une fraîcheur salvatrice, au milieu de ces réflexions et décryptages de pratiques méditatives et spirituelles.

L
e titre même du livre vient d’une remarque condescendante reçue dans un des derniers ashrams qu’il fréquente, de la part d’une disciple d’un des maîtres, qui taxe son voyage de shopping spirituel. Loin de rester piqué par cette remarque, Jonathan Lehmann l’analyse et prend conscience avec humilité de sa démarche, de son voyage, de celui qu’il était quand il est arrivé au début de ces trois mois en Inde, et de celui qu’il est à présent. Et c’est en ça que le livre fonctionne. Par son passé d’occidental matérialiste, Jonathan Lehmann était bien loin de l’écoute de soi, de la bienveillance et de la gratitude, et c’est aux côtés d’Amma et d’autres gourous qu’il ouvre finalement son coeur à ces pratiques ancestrales pour une vie plus douce.
L
‘humilité est finalement ce qui m’a le plus touchée dans ce récit. L’humilité de cet ancien avocat new yorkais abonné aux gros contrats, aux fêtes, aux drogues et à la séduction, et son parcours, une fois son père décédé et sa petite amie partie, pour soigner ses blessures.
Moi qui lis beaucoup de textes de développement personnel, qui pratique la méditation et le yoga depuis plusieurs années,
qui essaie toujours d’être dans la gratitude et le non jugement, j’ai fait aussi, en toute humilité, pas mal de belles découvertes dans ce livre (notamment le truc tout bête, lorsqu’on critique quelqu’un, de rajouter à la fin de sa phrase : « comme moi ». Parce que lorsqu’on critique quelque chose chez quelqu’un, c’est qu’il résonne en nous parce qu’on le possède. Le mieux étant d’arrêter de critiquer tout court, on est d’accord, hein ?).
Une bien belle lecture donc et qui n’est pas sans me rappeler celles de Touriste de Julien Blanc-Gras et Mange, Prie, Aime d’Elizabeth Gilbert. Elle va de ce pas rejoindre ma bibliothèque de livres inspirants et je ne peux que vous conseiller de vous plonger dedans vous aussi. 

« Je ne m’aime pas suffisamment, alors je réclame du monde extérieur qu’il m’aime à ma place. Mais le monde extérieur ne peut pas m’aimer vraiment, il ne me connaît pas. Le monde extérieur ne peut qu’approuver mon image. Et quand il le fait, c’est comme une drogue dure, de la cocaïne ou du sucre : ça créé une accoutumance et le besoin de revenir chercher la même chose peu de temps après. » (p.108)

« Alors quand je vois [cette fichue culpabilité] débarquer et que je me mets à questionner mes choix ou mes actions passées, plutôt que de rajouter du contenu mental négatif […] je m’efforce désormais d’agir ou d’observer. Agir s’il y a quelque chose que je peux faire, ici et maintenant, pour corriger la situation qui me tracasse. Observer s’il n’y a rien à faire, et regarder les pensées coupables sans jouer leur jeu ; sans m’identifier à elles ; sans leur donner d’énergie ; sans y ajouter volontairement d’autres pensées de même nature.
Pour m’aider dans ces moments-là, j’aime me répéter le mantra suivant : « Je ne peux pas changer le passé, mais je peux toujours faire de mon mieux, ici et maintenant. » Il m’aide à revenir à l’instant présent et à ne pas trop me perdre dans des pensées inutiles et chronophages. »
(p.187)

« Il existe selon [Prem Baba] deux outils majeurs pour faire évoluer les consciences : la pratique du silence, c’est-à-dire la vie méditative (semblable à l’approche préconisée par Goenka) ; et la connaissance de soi, c’est-à-dire la compréhension des blessures d’enfance et des différentes couches du Moi. » (p.235)

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2024 années il y a

Arrêter de critiquer, c’est dur tout de même je trouve Mais on essaye, on essaye ! J’avoue que le bandeau m’aurait fait fuir aussi, mais ton avis permet de passer outre

Anonyme
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2024 années il y a

Ah ça, c’est sûr qu’on nous apprend à juger constamment, critiquer, se comparer et se jauger. C’est pas facile de faire cesser des fonctionnements, mais on y arrive ! Honnêtement, si tu as l’occasion, c’est vraiment un livre intéressant.

Anonyme
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Arrêter de critiquer, c’est dur tout de même je trouve Mais on essaye, on essaye ! J’avoue que le bandeau m’aurait fait fuir aussi, mais ton avis permet de passer outre

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2024 années il y a

Ah ça, c’est sûr qu’on nous apprend à juger constamment, critiquer, se comparer et se jauger. C’est pas facile de faire cesser des fonctionnements, mais on y arrive ! Honnêtement, si tu as l’occasion, c’est vraiment un livre intéressant.

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Arrêter de critiquer, c’est dur tout de même je trouve Mais on essaye, on essaye ! J’avoue que le bandeau m’aurait fait fuir aussi, mais ton avis permet de passer outre

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2024 années il y a

Ah ça, c’est sûr qu’on nous apprend à juger constamment, critiquer, se comparer et se jauger. C’est pas facile de faire cesser des fonctionnements, mais on y arrive ! Honnêtement, si tu as l’occasion, c’est vraiment un livre intéressant.

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Arrêter de critiquer, c’est dur tout de même je trouve Mais on essaye, on essaye ! J’avoue que le bandeau m’aurait fait fuir aussi, mais ton avis permet de passer outre

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2024 années il y a

Ah ça, c’est sûr qu’on nous apprend à juger constamment, critiquer, se comparer et se jauger. C’est pas facile de faire cesser des fonctionnements, mais on y arrive ! Honnêtement, si tu as l’occasion, c’est vraiment un livre intéressant.

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