L’invité, Roald Dahl
D’origine norvégienne, l’écrivain Roald Dahl est né en 1916 au pays de Galles. Mondialement connu pour ses oeuvres de littérature de jeunesse aussi loufoques qu’oniriques – entre autres Charlie et la chocolaterie, Le Bon Gros Géant, Matilda -, il n’en demeure pas moins l’auteur de nombreuses nouvelles, de scénarios ainsi que de deux textes autobiographiques, Moi, boy et Escadrille 80. L’invité est une nouvelle parue en 1976 dans le recueil La grande entourloupe.
L’intrigue débute par une mise en abyme mystérieuse : le narrateur, dont on ignore tout, reçoit un matin un énorme colis contenant l’autobiographie que son oncle Oswald lui lègue. Vingt-huit volumes en cuir reliés. Désireux de connaître la vie tumultueuse de ce parent éloigné, il dévore l’intégralité de ces livres avant de se demander si une éventuelle publication d’un extrait ne serait pas bénéfique. Mais l’oncle Oswald a eu une vie des plus riches en plaisirs, notamment de la chaire. Le narrateur décide donc de ne publier qu’un épisode : celui dans lequel son oncle, fuyant le Caire où il a séduit la maîtresse d’un personnage haut placé, se trouve en panne en plein désert du Sinaï et est hébergé chez un homme étrange. Sa demeure ? Un château magnifique au milieu du désert. Sa raison ? Garder jalousement sa fille en âge d’être mariée. Pour le séducteur Oswald, l’affaire est trop tentante pour ne pas y succomber…
L’invité est une de ces nouvelles, très courte – 95 pages -, qui peut se targuer d’emmener son lecteur dans un univers riche et haut en couleurs. Roal Dahl nous entraîne ici dans les confins d’un Orient aux senteurs des Mille et Une Nuits. Impossible de ne pas penser à ce texte lors de cette lecture.
La forme du récit, tout d’abord, n’est pas sans rappeler les contes fruits de l’imagination de Shéhérazade chaque fois que le jour se couche. Les péripéties sont nombreuses, malgré la brièveté du texte, et le dénouement non moins moralisateur. Imaginer un personnage séducteur comme Oswald Hendryks Cornelius qui sème le trouble dans les ménages ne peut se solder par une victoire de ce dernier…
Le cadre, ensuite, le désert du Sinaï, participe de cet exotisme enchanteur qui embrasse les fantasmes occidentaux sans jamais y sombrer. La focalisation interne au personnage d’Oswald permet d’agrémenter ce voyage d’une fantaisie et d’un comique rare grâce à ses remarques et ses observations. Roald Dahl réussit avec brio à nous conduire exactement là où il l’entend avec le brin d’excentrisme qu’il souhaite.
Si le héros semble être l’archétype du séducteur invétéré, Roal Dahl déroute son lecteur en parant celui-ci d’un physique banal qui lui permet de se dissimuler des hommes pour mieux séduire par son verbe leurs épouses. Ses bizarreries et autres loufoqueries cassent également cette image ridicule d’homme à femmes. Oswald est ainsi hypocondriaque (la scène de la panne à la station service possède un sens comique incroyable), collectionne les scorpions et les araignées pour mieux séduire ces dames, chante de l’Opéra quand il conduit et possède une collection de cannes incroyable.
Avec L’invité, Roald Dahl signe une nouvelle audacieuse, au rythme rapide et à la fantaisie rare. Une petite pépite qui offre une dimension nouvelle aux textes de littérature de jeunesse signés par le grand homme. Je l’inscris bien entendu dans le Challenge 2 euros organisé par Cynthia.
Joli billet miss !
Malheureusement, le mien n’arrivera pas de sitôt car impossible de retrouver le livre dans les caisses que j’avais préparées à l’avance Je devrai donc attendre mon second déménagement avant de pouvoir le lire.
Quoiqu’il en soit, je suis contente qu’il t’ait plu !
Je ne suis pas très nouvelles habituellement, mais vu ton billet, je note ce titre!
@Cynthia : Tu aurais dû me prévenir, j’aurais différé la parution de mon billet pour qu’il paraisse en même temps que le tien… Tant pis ! Tiens moi au courant quand tu l’auras lu, je serais curieuse de savoir ce que tu en as pensé.
@yoshi : Je ne peux que te conseiller de découvrir cet auteur par le biais de ses nouvelles…
Je l’ai encore cherché jusqu’à hier soir, en pensant le retrouver à temps :/
Mon billet ne paraîtra pas avant plusieurs semaines (mois?), quand j’aurai déménagé et ouvert mes caisses…
@Cynthia : Ce n’est pas grave. Je te comprends, surtout que je suis dans la même situation que toi en ce moment (avec en plus les 3/4 de mes livres restés dans le Sud chez mes parents… Grrr ! Pour les trouver c’est le casse-tête !) En tout cas, je te souhaite une bonne découverte de ce petit texte fort sympathique !