Béatrice, Joris Mertens

Béatrice est le premier album du belge Joris Mertens. Il est paru début mars chez Rue de Sèvres.

Chaque jour, pour aller à son travail dans un grand magasin, Béatrice prend le train. Dans la cohue de la foule matinale, elle aperçoit un jour un sac à main rouge qui attire son regard. Les jours s’égrènent, et le sac ne bouge pas de place, comme si personne ne semblait remarquer sa présence hormis Béatrice. Celle-ci, dévorée de curiosité, décide un jour de le subtiliser et d’en découvrir son contenu.

De son expérience de directeur artistique, de graphiste, de designer, de photographe et d’artiste storyboard, Joris Mertens a gardé un goût certain pour un visuel fort et percutant. Son premier album, Béatrice, en est le parfait exemple. Son grand format format sans texte invite le lecteur à plonger dans l’univers de son héroïne éponyme, univers riche et fouillé de cette grande ville qui pourrait être Paris ou peut-être Bruxelles, à une époque indéterminée. Béatrice travaille au rayon ganterie d’un grand magasin qui n’est pas sans rappeler celui du Bonheur des dames de Zola, et les femmes se bousculent dès l’ouverture dans cet antre du luxe et de la consommation. Les cases regorgent de détails et l’intrigue est scandée par ces journées similaires qui constituent le quotidien de Béatrice.

La narration est extrêmement visuelle, entraînant le lecteur au fil de planches aux angles savamment choisis, à la recherche de cette couleur rouge, celle du manteau de l’héroïne et de ce curieux sac à main. Ce rouge qui va casser la routine de Béatrice – littéralement train, boulot, dodo – et l’emporter dans un monde de souvenirs.

Joris Mertens réussit le pari toujours risqué de réaliser un album entièrement sans texte tout en offrant à son lecteur une intrigue riche au rythme travaillé. La cassure dans la monotonie de la vie de l’héroïne que constitue la découverte du sac rouge et de son contenu ouvre les perspectives et offre un nouveau rythme à cette routine du début de l’album. Et c’est diablement intéressant et bien mené !

Je n’en dirais pas plus, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte de ce magnifique album sans texte. En tout cas de mon côté, j’ai été enchantée. Un grand merci aux Editions Rue de Sèvres pour la découverte de cet album.

Cette semaine pour les mercredis BD, c’est Noukette qui nous accueille chez elle et rassemble les billets des amoureux des bulles !