Graines de cheffes, Lily LaMotte et Ann Xu

Graines de cheffes est un album écrit par Lily LaMotte et dessiné par Ann Xu paru le 9 juin dernier aux éditions Rue de Sèvres.

Cici et sa famille quittent Taïwan pour aller vivre à Seattle. Ce départ est dur pour l’adolescente qui laisse toute sa vie derrière elle et surtout A-Má, sa grand-mère adorée. Une fois sur place, Cici n’a qu’une idée en tête : trouver comment financer la venue de sa grand-mère aux États-Unis pour son soixante-dixième anniversaire. Un concours de cuisine organisé par un grand magasin de la ville avec mille dollars à la clé est une opportunité en or pour la jeune fille. Elle se lance à corps perdu dans la compétition mais se heurte très vite aux différences culturelles en matière de gastronomie. Heureusement, Miranda, avec qui elle est en binôme, la familiarise avec la cuisine américaine. Les deux adolescentes partagent beaucoup malgré leurs différences : des parents qui les écrasent sous l’ambition, un amour de la cuisine et une grande force de caractère. Cela suffira-t-il pour gagner ?

Quel bel album ! On peut le dire, je me suis littéralement régalée avec cette lecture à la fois émouvante et fine qui aborde à la fois la question de l’immigration, de l’intégration culturelle et de l’amitié, tout en faisant la part belle aux relations intergénérationnelles avec notamment la relation parent/enfants mais aussi grand-mère/petite fille. Loin d’un one shot prévisible uniquement axé sur la question du concours de cuisine, Lily LaMotte signe ici une très belle histoire d’une famille expatriée qui cherche à trouver sa place dans la société américaine actuelle, avec tous les clichés racistes qu’elle peut véhiculer. Cici se sent seule et souvent incomprise, tout le monde la croyant chinoise et ne cherchant pas à connaître sa véritable origine, et se plonge à corps perdu dans sa scolarité, seule chose importante aux yeux de ses parents pour qui la réussite sociale équivaut à une vie réussie.

Le concours de cuisine va être l’occasion de faire une surprise à son père en essayant de faire venir sa mère de Taïwan et pour la jeune fille de gagner en complicité avec cette grand-mère adorée avec qui cuisiner était un réel plaisir. Ann Xu, avec son style épuré qui fait souvent l’impasse sur les décors, offre une approche intéressante à l’album en faisant la part belle aux aliments. Ceux-ci sont mis en valeur et sublimés lors des différentes épreuves du concours et il n’est pas rare d’avoir l’eau à la bouche au fil des pages. Si en plus je vous dis qu’on croise Julia Child dans ces pages, vous comprenez mon enthousiasme ?

L’émotion est quant à elle palpable, dans l’incompréhension qui règne parfois entre Cici et ses parents ou le décalage culturel avec ses amies qui occasionne une honte par rapport à ses racines.

Bref, vous l’aurez compris, j’ai adoré cet album tendre et positif qui fait la part belle aux différences culturelles, à la compréhension de l’autre et à l’amour de la cuisine. Une bien belle découverte à côté de laquelle il serait dommage de passer. Un grand merci Rue de Sèvres pour cette bien belle lecture !

Cette semaine, c’est Moka qui nous accueille chez elle et rassemble les billets des amoureux des bulles !