L’Amant, Kan Takahama d’après Marguerite Duras
La mangaka Kan Takahama a adapté l’autofiction L’Amant de Marguerite Duras, parue en 1984, et ce manga est paru la semaine dernière aux éditions Rue de Sèvres.
Marguerite Duras raconte dans ce roman aux allures autobiographiques sa jeunesse en Indochine française, et notamment l’histoire d’amour qu’elle eut, alors qu’elle avait quinze ans, avec un riche Chinois de douze ans son aîné. La jeune fille, qui entretient des relations houleuses avec sa mère et son frère aîné, vit ses premières expériences dans les bras de cet homme jusqu’au jour où celui-ci est sommé par sa famille de se marier.
J’avais découvert L’Amant lors de mon trip solo en sac à dos au Vietnam il y a quatre ans, quasi jour pour jour. Si j’avais été subjuguée par la plume de Duras, j’avoue avoir été dérangée par cette histoire d’amour interdite entre une adolescente et un homme plus âgé, impression accentuée par le film de Jean-Jacques Annaud que j’avais vu plus jeune. J’étais néanmoins curieuse de découvrir son adaptation en album, et notamment par une mangaka.
Kan Takahama s’empare avec brio de l’œuvre de Duras pour lui offrir une toute autre portée. Son trait tout en finesse donne vie aux paysages de cette Indochine française et offre aux personnages une incarnation délicate. Le Chinois ne semble pas être le bel homme de l’adaptation ciné qui s’entiche d’une jeune fille mais un être en proie au doute, écrasé par le fardeau de ses obligations familiales, et qui tombe éperdument amoureux d’une femme qui représente deux interdits : son âge et le fait qu’elle ne soit pas chinoise. De cet amour interdit, que Duras analyse avec beaucoup de recul dans son roman, Kan Takahama, laisse le lecteur juge. En présentant la jeune Marguerite comme une jeune fille volontaire et détachée, elle minore l’aspect plus sombre qui pourrait être qualifié de prostitution, alors même que le texte l’évoque en filigrane.
Cette première adaptation en manga de cette grande œuvre littéraire est une réelle réussite, tant dans la poésie de son trait que dans la retenue avec laquelle elle aborde cette question d’amour interdit. Merci beaucoup aux Editions Rue de Sèvres pour la découverte de cet album.
Cette semaine, c’est Stephie qui nous accueille chez elle et rassemble les billets des amoureux des bulles !
j’aime bcp la plume de Duras, je suis curieuse de découvrir cette adaptation!
Tu verras, c’est une très belle adaptation. 🙂
bon j’étais déjà hyper tentée, je crois que je vais craquer !!
Ah, tant mieux alors !
C’est bien que tu aies mis des planches (je venais justement d’aller en chercher sur internet après avoir lu l’autre billet consacré cette semaine à cette BD) ! L’album est tentant !
J’essaie toujours, surtout pour les BD. C’est quand même plus parlant ! 😉
Les adaptations BD sont de plus en plus nombreuses en ce moment, non ? Celle-ci me tente bien !
C’est vrai… Mais la qualité n’est pas forcément au rendez-vous… 😀
Je suis tentée aussi par cette adaptation. Je n’ai pas lu ce roman mais d’autres œuvres de l’autrice, au lycée notamment.
Moi je crois que c’est la seule chose que j’ai lu d’elle. J’ai Un barrage contre le Pacifique qui m’attend depuis des lustres dans ma PAL. En tout cas je te conseille cette adaptation, c’est sûr. 🙂
Tu renforces l’idée qu’il faut que je le lise.. mais je vais lire le roman avant.. jamais je croirai que je n’ai pas ça quelque part dans la pile!
Héhé, c’est sûr que c’est un gros classique et commencer par le roman permet de toucher du doigt la poésie de Duras avant de plonger dans son adaptation visuelle. Bonne lecture !
Elle est dans ma PAL et je m’en réjouis
Bonne découverte alors ! 🙂
Je l’ai vu à la librairie et ça m’a intrigué. Ton avis me donne envie de le découvrir.
Moi aussi j’ai lu Duras il y a 2 ans, mais j’avais vu le film bien avant et ça reste une oeuvre marquante, mais un peu dérangeante quand même.
On est d’accord qu’il y a un côté très dérangeant à cette oeuvre. Je ne peux pas dire que je l’aime vraiment mais son adaptation en album est vraiment une belle réussite en revanche. 🙂
Je n’ai jamais lu le roman, je dois avouer que ça ne m’a jamais attirée. Et malgré le graphisme qui a l’air très chouette, je crois que je vais passer à côté de celle-ci… Un je ne sais quoi qui me retient !
Alors écoute-toi ! 😉 Il y a tellement d’autres choses à découvrir. 🙂
je n’avais pas compris qu’il s’agissait d’un manga. je suis curieuse…
Et oui, et c’est ce qui le rend intéressant je trouve… 😉